“A raça mais pura da Europa...”

Résumé

Nietzsche a vécu dans une atmosphère où l’antisémitisme était si répandu qu’il en était devenu banal; il fut entouré d’antisémites actifs – le cercle wagnérien – et parfois virulents, comme son beau-frère, sans succomber à cette idéologie qu’il refuse et fustige, ce qui fait de lui une exception parmi les philosophes de cette époque. Néanmoins, cette absence d’antisémitisme ne protège pas les “Juifs” en général de sa critique puisqu’il leur reproche d’avoir créé, dans l’histoire, la figure du prêtre et, par ce biais, d’avoir donné naissance au christianisme. Outre cet aspect historique, Nietzsche n’a fait preuve d’aucun intérêt particulier pour l’histoire des juifs de son temps, et il a complètement ignoré les bouleversements qui étaient en train de s’accomplir en Europe. “Juif” est en fait, à ses yeux, une catégorie non pas de l’histoire réelle, mais de l’histoire “véritable”, c’est-à-dire celle d’une succession de conversions des valeurs, les Juifs étant pour une part responsables de la domination progressive des valeurs chrétiennes.